Le résumé :

Au quotidien, nos échanges numériques et nos comportements de consommateurs sont enregistrés, mesurés, calculés afin de construire des profils qui s'achètent et se vendent. Des débuts de la cybernétique aux big data, la surveillance a constitué un levier économique autant qu’idéologique.
Dans Affaires privées, Christophe Masutti retrace l'histoire technique et culturelle de soixante années de controverses, de discours, de réalisations ou d'échecs. Ce retour aux sources offre un éclairage passionnant sur le capitalisme de surveillance et sur le rôle joué par le marketing dans l'informatisation de la société. Il décrit la part prise par les révolutions informatiques et le marché des données dans les transformations sociales et politiques.
La surveillance est utilisée par les administrations à des fins de contrôle, et par les entreprises pour renforcer leurs capacités commerciales. Si les pratiques de renseignement des États ont souvent été dénoncées, la surveillance venue du monde des affaires n'a longtemps suscité qu'indifférence. Le business des données en a profité pour bousculer les cadres juridiques et réglementaires de la vie privée.
Comment développer une économie numérique qui respecterait la vie privée des individus ? Comment permettre à la vie privée d'échapper au pouvoir des affaires ? Christophe Masutti propose une réflexion historique et politique sur les conditions d’émancipation face à l’économie de la surveillance.

Table des matières

Préface de Francesca Musiani

Une archéologie du capitalisme de surveillance

Partie 1 : Surveillance : relire l'histoire de la révolution informatique

   L'ordinateur entre dans l'entreprise
      Des machines à produire de l'information
      Du contrôle cybernétique à la société de contrôle
   Informatisation de la société
      Une histoire d'ordinateurs
      La soif de données
      Le retour du panoptique
   Gouverner rationnellement avec l'ordinateur
      National Data Center
      Cybersyn
      Technocratie du contrôle : une question française
         Informatique, libertés, travail
         L'échec du fichage de masse informatisé
   économie de la surveillance
      Crédit à la consommation
      Les données : un moyen et une fin
      Informatique : productivité ou valeur déduite
      Le facteur humain
      Profilage

Partie 2 : Vie privée, bases de données, surveillance

   Considérations générales sur une approche par dystopie
   Bases de données, danger civique
      Informatiser l'administration des personnes
      Un débat politique
   Années 1970 : définir la vie privée
      Informations personnelles : le clash bancaire
      Définir la vie privée par la loi
      La protection de la vie privée
   La valeur des données
      La fièvre du marketing
      Puissance des bases de données
      Production de valeur
      Les données : propriété et capital
      Du tri social
   Communication et prédiction 
      Contre-culture
      Sears, modèle des années 1980
      De la surveillance prédictive

Partie 3 : Capitalisme de surveillance

   L'approche matérialiste
      L'informatisation du travail
      Le texte électronique
      Culture de la surveillance
   Hégémonie et modernité
      L'approche de la Monthly Review 
      Le complexe américain
      Postmodernité
   De l'infrastructure de communication à la gestion de l'information
      Prééminence des états-Unis
      Gouvernance d'Internet
      Lobbying
      Marchés bifaces
      Solutionnisme 
   Le cas Français : dilution des institutions
      Gouverner par les instruments
      Microsoft à tous les étages
      Le droit en pilotage automatique : solipsisme
   Big Data
      Gigantisme 
   Qui sommes-nous ? Une lecture de Shoshana Zuboff
      Mise au point
      Définition et critique
      Le RGPD est-il une solution ?
   Un chemin vers l'émancipation
      économie de la contribution
      Société de la contribution

Soixante ans de capitalisme de surveillance

Bibliographie